Byzantium
Celles qui ne devraient pas existées
Neil Jordan, le réalisateur d'Entretien avec un vampire (Brad Pitt et Tom Cruise), revient au film de vampires avec cette fois un beau couple féminin. Visuellement très beau et profondément enchanteur Byzantium est une belle réussite.
Titre original : Byzantium
Réalisation : Neil Jordan Scénario : Moira Buffini (d'après sa pièce de théâtre) Distribution :
Année : 2012 Synopsis : Clara et Eléonore sont deux femmes vampires qui s’installent dans une cité balnéaire qui a connu des jours meilleurs. Clara, la mère, se prostitue pour assurer leur subsistance. Eléonore est une adolescente rêveuse et mélancolique qui semble avoir plus de mal à accepter sa condition. Bientôt ceux qui les poursuivent retrouvent leurs traces.
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vec Entretien avec un vampire (1994) Neil Jordan nous dépeignait la vie de couple de deux vampires au long du XIXe siècle c’est avec un autre couple de suceurs de sang qu’il repique au genre avec cette fois deux protagonistes féminines. Le lien entre Clara (la pulpeuse Gemma Arterton) et Eléonore (la diaphane Saoirse Ronan) est basée sur un lourd secret qui sera levé en court d’intrigue. Comme dans le film adapté du roman d'Ann Rice, l'immortalité est vécue de manière très différente par les deux héroïnes mais là s'arrête la ressemblance ténue entre les deux films. Car là où Entretien avec un vampire est un film hoolywoodien (avec la richesse que cela implique) Byzantium est une coproduction irlando-brittanico-états-uniennes qui ne déploie pas le même faste ce qui n'empêche pas le film d'être ambitieux et d'offrir un spectacle fascinant.
Byzantium fait le portrait de deux femmes vampires. Ils ne sont pas nombreux les films de suceurs de sang qui font ainsi la part belle à des personnages féminins. Les deux actrices principales campent deux facettes différentes du mythe vampirique. Clara est une prédatrice sexy, et même hypersexuelle, qui a gardé de son passé de prostitué une vision utilitariste de la gente masculine qui lui fournit argent et sang. Eléonore est une vampire troublée et romantique à l'identité confuse qui accepte moins son état que Clara. C'est un personnage si littéraire qu'elle n'a de cesse d'écrire sa propre vie. De façon schématique si le personnage de Gemma Arterton est le feu celui de Saoirse Ronan, est la glace. La première est charnelle la seconde est éthérée.
Neil Jordan et sa co-scénariste Moira Buffini (auteure de la pièce qui a inspiré le film) donnent à ces personnage une épaisseur qui font d'elles deux plus que de simples archétypes. Les plongées dans le passé le plus lointain de Clara et Eléonore, le début du XIXe siècle et les guerres napoléonniennes, sont l'occasion de comprendre la dureté apparente de Clara et le lien tragique qui l'unit à la frêle Eléonore. Parfois ces deux temporalités se percutent et la frontière entre l'une et l'autre devient de plus en plus floue. Ce trouble est celui d'Eléonore, un trouble identitaire qui offre aux spectateurs une porte d'entrée dans l'univers mystérieux du film.
La réalisation classique de Neil Jordan, qui n'est plus un débutant depuis un moment déjà, parvient à rendre hommage aux films de la Hammer avec une esthétique gothique, la station balnéaire fantomatique qui est figée dans un passé révolu et les scènes se passant aux XIXe siècle, époque qui en quelques récits forgea l'image du vampire moderne tout en renouvelant le genre du film de vampire avec une approche contemporaine. Outre que le film met en avant des protagonistes féminines on relève que ces immortelles se donnent le nom de soukouyan (un emprunt au folklore antillais), qu'elles ne craignent pas la lumière du Soleil et n'ont pas de canines pointues. Clara et Eléonore sont deux femmes dans un monde d'hommes jaloux de leur privilège et là réside le dernier élément original du film. Loin d'être une lutte du bien contre le mal Byzantium est l'histoire d'une lutte pour la vie, le droit à exister.
A rebours des films d'horreur ou plus généralement du cinéma fantastique contemporain Byzantium avec son rythme lent est loin d'avoir rencontré le succès. Neil Jordan n'a pas réalisé un décalque féminin de son Entretien avec un vampire et ne s'est pas non plus coulé dans le film de vampire adolescent post-Twilight ce qui était sans doute une bonne façon de se gaufrer au box office. Ces raisons sont aussi celles qui font que ce film sorti en France directement en vidéo mérite qu'on lui donne sa chanse et pas seulement pour ses deux actrices craquantes ou pour son réalisateur culte mais parce que Byzantium est un bon film à côté duquel il est idiot de passer.
R.V.
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Plus de films de vampires : Aux frontières de l'aube, Dracula (de Coppola), Entretien avec un vampire, Le Bal des vampires, Le Cirque des vampires, Une nuit en enfer.
Et parce que quand on parle vampire la comtesse Bathory n'est jamais loin retrouvez-la chez la Hammer dans Comtesse Dracula.
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