Piranha 3D
Les dents du lac
Un savoureux jeu de massacre orchestré avec l’art et la manière par Alexandre Aja.
Réalisateur : Alexandre Aja
Scénario : Sage Ryan & Peter Goldfinger, arrangé par Alexandre Aja et Grégory Levasseur Distribution :
Pays : Etats-Unis Synopsis : Le lac Victoria en Arizona se prépare pour le Spring Break qui verra débarquer des milliers d’étudiants prêts à tout pour passer du bon temps. C’est alors qu’un tremblement de terre libère des piranhas préhistoriques qui vont ruiner la fête. |
« Ce n'est pas du tout un remake du film de Joe Dante » |
Piranha 3D n’est pas un remake de Piranhas le film de 1978 réalisé par John Landis (The Blues Brothers, Le loup garou de Londres…) pour Roger Corman (l’empereur du cinéma d’exploitation U.S., cf. La galaxie de la terreur, l’une des premières critiques de ce site). Même si les deux films puisent abondamment dans la mauvaise réputation de ces poissons carnivores d’eau douce d’Amérique du sud. Cette fois plus de piranhas mutants projets foireux de l’armée U.S. dans un contexte post guerre du Vietnam comme dans le film de John Landis mais des piranhas préhistoriques ce qui fait de la péloche d’Alexandre Aja un hommage bis à deux films de Spielberg. Piranha 3D est le rejeton contre nature des Dents de la mer, pour les poissons anthropophages occasion au passage d’offrir un petit rôle à Richard Dreyfus, et de Jurassique Parc pour le côté bébêtes préhistoriques des prédateurs aquatiques.
On comprend que cette histoire de poissons préhistoriques ayant survécu des millions d’année dans un lac souterrain est avant tout un argument prétexte sans queue ni tête (de poissons). Le film d’animaux prédateurs mangeurs d’êtres humains est un sous-genre du film d’horreur avec ces hauts (Les dents de la mer) et ces bas (Sharknado) on classera sans peine Piranha 3D parmi les réussites du genre tant Alexande Aja se démène pour donner à ce film ce qu’il faut pour qu’il ne soit pas juste un long métrage générique de plus sans pour autant perdre de vue qu’il est un divertissement profondément bête et méchant. On appréciera ces scènes repeintes en rouge lors d’attaque de piranha. On frissonnera devant ses plans en vue subjective qui place le spectateur dans la tête des piranhas en quête de chaires fraîches.
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Le film est généreux en ravissantes créatures, on ne parle évidemment pas des piranhas encore que tous les goûts sont dans la nature, mais de cet étalage de chaires qui ne manquent pas de mecs à pecs et d’accortes naïades, parmi lesquelles l’amateur avisé remarque l’actrice porno à forte poitrine Gianna Michaels (la fille qui fait du parachute ascensionnel) et sa collègue Riley Steele (Crystal, la Wild Wild Girl blonde) qui a elle droit à quelques lignes de dialogues. Les Wild Wild Girls, Riley Steele et sa partenaire la pulpeuse actrice britannique Kelly Brook, se livrent à un ballet aquatique dénudée sur le Duo des fleurs de l’opéra Lâkmé de Léo Delibes sommet de poésie kitsch et d’érotisme bon marché du plus bel effet.
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L’autre jambe sur laquelle marche le film, outre ses nymphes de magazines de charme, est celle du gore rigolard et là encore Alexandre Aja n’y va pas à l’économie. Avec en point d’orgue le grand massacre du concours de miss t-shirts mouillés, véritable tour de force ce carnage réussi à être à la fois jouissif et traumatisant, un délice en soit. Le film qui ne se soucie guère de suspens verse dans le gore dés sa scène d’ouverture avec Richard Dreyfus. Cruel, personne ou presque n’échappe à la tuerie pas même Eli Roth (Hostel, Green Inferno, Inglorious Bastard) venu faire une apparition dans le rôle de l’animateur du concours. Alexandre Aja pousse même le vice, ultime cruauté, à priver les spectateurs d’un joli petit happy end et c’est si bon.
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Piranha 3D fait plaisir parce qu’il assume son statut de film de genre sans complexe dans une décontraction sérieuse qui permet à Alexandre Aja de se faire plaisir en tournant avec deux acteurs de Retour vers le futur (Elisabeth Shue et Christopher Lloyd) ou d’offrir à Jerry O’Connell (Sliders : Les mondes parallèles) un rôle de connard fini qui a droit à un traitement spécial et savoureux à base de pénis tranché (les plans qui suivent montrant les piranhas jouant avec le phallus ont été coupés, sérieusement, pour le montage U.S.). La réalisation est nerveuse et amène bien les différents enjeux en se centrant sur un petit nombre de personnes. Nombre qui, ô joie, va en diminuant à mesure que le temps passe pour aboutir à un climax haletant.
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Puisqu’il est temps de conclure, Piranha 3D n’est pas un chef d’œuvre du cinéma mais c’est une bonne bisserie comme on les aime. Un film pop corn mais qui a ce qu’il faut d’esprit moqueur pour être drôle sans abandonner pour autant toute prétention artistique. On peut vivre sans avoir vu Piranha 3D mais il y a peu de bonnes raisons de ne pas le faire.
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R.V.