Pet
Un gars, une fille, une cage
Thriller malin, Pet met au prise Holly et Seth dans un film cruel et amoral qui ne cesse pas de rebondir jusque dans sa dernière scène.
Réalisateur : Carles Torrens
Scénario : Jeremy Slater Distribution :
Pays : Etats-Unis Espagne Synopsis : Seth vit seul et il travaille dans une fourrière pour chiens errants. Un jour dans le bus qui l'emmène au travail il retrouve Holly une ancienne camarade de lycée. Il s'amourache de la belle qui est loin d'éprouvée les mêmes sentiments pour lui. L'obsession de Seth pour Holly est le début d'un engrenage meurtrier. |
Pet est un bon film à petit budget qui sait tirer le meilleur parti de ses limites. Le réalisateur, Carles Torrens à la question, combien à coûter le film, répond « peanuts » ! Ce manque de moyen nous aura peut-être éviter le syndrome du toujours plus et autres jump scares embarrassant qui polluent le cinéma d’angoisse.
|
Faute de pouvoir s’appuyer sur les gros budgets d’une grosse boîte, le scénario finalisé en 2007 pour la MGM, finira par sortir du placard grâce à un financement indépendant. Ce changement impliqua de remanier le scénario et aboutit au film que nous pouvons voir, une love story perverse, un duo proie/victime qui devient de plus en plus flou à mesure que le film progresse et long métrage charnel tourné au plus près de Holly (Ksenia Solo, vue dans Lost Girl et Turn) et Seth (Dominic Monaghan, le Merry du Seigneur des Anneaux).
|
La première scène illustre le train-train quotidien de Seth, qui s’entend dire, par un personnage secondaire, le médecin venu euthanasié un berger allemand que son problème c’est qu’il ne prend aucune initiative. Sans drame Carles Torrens nous présente Seth dans son morne quotidien, le réveil, le bus, le travail, le bus et le dodo. La deuxième scène vient mettre un grain de sel dans cette vie mécanique. Seth dans le bus retrouve une ancienne connaissance du lycée, la très séduisante Holly. Et le malaise s’installe tant il est patent que la communication entre eux ne passe pas. Il se souvient d’elle, elle pas. Il en pince pour elle, elle aimerait manifestement être ailleurs.
Les tentatives de Seth pour attirer l’attention de Holly et la séduire oscillent entre le pitoyable (ce qui n’est pas grave, Seth n’est pas un séducteur) et l’inquiétant. A ce titre ce qu’il apprend sur l’objet de son désir en usant du net et des réseau sociaux en dit long sur l’effacement de la vie privée mais Pet n’est pas un film à thèse. C’est un thriller.
On en vient à croire qu’on a tout compris, Seth est seul depuis trop longtemps (toujours peut-être) et Holly à tourner la page d’une précédente relation. Et lorsque Seth kidnappe Holly, l’affaire est entendue. Le spectateur à peur pour Holly et frémit d’autant plus que Dominic Monaghan, qui n’a pas une trogne spécialement patibulaire, compose un bourreau d’autant plus glaçant qu’il est bien veillant. Il pense bien agir. Il prétend faire le bien. Seth dit qu’il la retient dans cette petite cage pour la sauver. Par petites touches nous apprenons à connaitre Holly et à peu près à mi-parcours ce que l’on prenait pour acquis s’effondre. Ce retournement n’est pas gratuit, il y avait des indices et il emmène le spectateur dans des eaux moins convenues avec un moment de bascule irrémédiable lors d’une scène d’une brutalité poisseuse qui de par sa brutalité manifeste l’emprise qu’un personnage a pris sur l’autre.
Difficile d’en dire plus pour ne pas gâché un scénario malin qui ne manque pas de rebondissement.
Pet tient la route de belle manière d’abord par une maîtrise formelle qui n’est pas déplaisante pour un film tourné en quatre semaines ensuite par le jeu et la direction des deux acteurs principaux. Ksenia Solo, est définitivement une actrice à suivre, et Dominic Monaghan avec ses airs de bon bougre qui a perdu les pédales est assez juste pour qu’on ne sache pas s’il faut le plaindre de le voir ainsi descendre aux enfers ou plutôt frémir devant ce qui arrive à son personnage quand il prend enfin une initiative.
R.V.
|