La Galaxie de la Terreur
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La somme de toutes les peurs
Un film post-Alien produit par le pape de la série B, Roger Corman, qui ne manque pas de charme et s'éloigne assez du film de Ridley Scott pour ne pas en être un remake fauché.
Réalisateur : Bruce D. Clark,
Scénario : Bruce D. Clark & Marc Siegler Distribution :
Année : 1981 Pays d'origine : Etats-Unis Synopsis : Quand le vaisseau spatial Rébus disparaît sur une mystérieuse planète, une équipe de secours commandée par Baelon est envoyée pour enquêter. Ce que l’équipage trouvera sur place c’est un piège mortel qui s’est refermé sur eux à l’instant même où ils se sont posés sur la planète.
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Forcément quand on tombe sur un film comme celui-ci qui est sorti en 1981 on s’attend à un sous-Alien (le film matriciel date de 1979) et puis comme il s’agit d’une production de Roger Corman le pape du cinéma bis U.S. on s’attend aussi à voir une série B de bonne facture dans le meilleur des cas, un film d’exploitation qui ne révolutionnera pas le 7e arts mais qui se laissera regarder sans peine et qui avec de la chance pourra agréablement vous surprendre.
Le budget modeste (on parle de 700 000 $) impose une réalisation faite de gros plans, d’un montage rapide avec des plans courts et des lumières sombres plutôt avantageuses pour cacher la misère mais malgré cela les décors sont plutôt convaincants et c’est là que l’on se souvient qu’Alien, le film de Ridley Scott, en dépit d’un budget plus conséquent (11 000 000 de dollars) jouait cette-même carte d’une image sombre et de plan serrer pour en montrer le moins possible. Le Nostromo est moins clinquant que l’Enterprise de Star Trek car c’est un vieux cargo qu’on imaginerait couvert de rouille s’il y avait de l’oxygène dans l’espace. Ridley Scott invente au cinéma une vision vétuste du futur. Quant à l’équipage du Nostromo, Ripley et ses collègues, il ne porte pas un uniforme façon pyjama ou sous-pulls multicolores comme c’était alors de rigueur dans la science-fiction au cinéma ou à la télévision. Cette esthétique d’un future du quotidien reprise dans La Galaxie de la terreur permet à cette production peu dotée en numéraire de transcender son budget sans pour autant sombrée dans le ridicule.
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La Galaxie de la terreur n’est pas un chef-d’œuvre et ce n’est pas grave d’autant que ce film s’écarte assez de son trop évident modèle, Alien donc, pour ne pas trop souffrir de la comparaison et offrir une histoire un peu différente de celle du groupe d’humains qui se bat pour survivre face à une créature extra-terrestre qui n’existe que pour tuer.
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La Galaxie de la terreur confronte l’équipage d’un vaisseau spatial non pas à une force extérieure primale et animale, comme le xénomorphe d’Alien, mais aux propres peurs des femmes et des hommes qui ont pris place à bord de l'appareil. Cet effet de scénario permet de faire apparaître une galerie de monstres allant de la créature vaguement féline au double maléfique (l'occasion d'un chouette numéro d'acteur de Robert Englund) en passant par le ver lubrique quand ce n’est pas le décor lui-même qui veut la peau des protagonistes.
Dans ce film il n’y a pas de croque-mitaine spatial mais des plaisirs variés pour des morts qui le sont tout autant, comme celle de ce personnage incarné par Sid Haig (acteur à la filmographie bis conséquente que l’on a entraperçu dans Jackie Brown et Kill Bill de Quentin Tarantino et aussi vu chez Rob Zombie) tué par son propre bras qu’il venait de couper ou celle de cette femme attrayante à la plastique avantageuse qui meurt après avoir subi les derniers outrages par une créature qui tient à la fois du ver et de la pieuvre (les tentacules intrusifs). Cette scène avec l’actrice Taaffe O'Connell est l’occasion de remplir l’une des conditions pour ce genre de production : trouver n’importe quel prétexte pour mettre à l’écran de la nudité féminine.
L’attrait du film provient aussi de ce que Roger Corman tient pour l’une de ses plus grandes fiertés, la présence au générique de James Cameron qui y fait ses premiers pas à la direction d’acteurs. Comme d’autre avant lui, Coppola pour n’en citer qu’un, Cameron est passé par l’école Corman, une formation sur le tas qui pouvait être ingrate mais qui était reconnue par les studios hollywoodiens. Chez Corman il fallait être débrouillard et toucher un peu à tout, de la réalisation au montage… faute de budget il convenait d’être polyvalent. Dans La Galaxie de la terreur Cameron est confronté, pour la scène avec Sid Haig, à des vers blancs qui ne font pas correctement leur boulot de bestioles grouillantes, qu’à cela ne tienne, de légères décharges électriques dans la prothèse de bras coupé et le tour est joué. Les asticots gesticulent.
BILAN :
La Galaxie de la terreur est un bon film d’horreur spatiale assez roublard et distrayant pour mériter que l’on s’y arrête. Il a de nombreux mérites (une histoire qui se tient, des morts qui valent leur pesant de cacahuète et un rythme qui ne laisse pas de temps pour l’ennuie). C’est par ailleurs un film qui arrive à concilier une certaine ambition avec un budget riquiqui. Et puis pour les débuts derrières la caméra du future grand James Cameron ce serait bête de rater ça.
R.V.
La Galaxie de la terreur est un bon film d’horreur spatiale assez roublard et distrayant pour mériter que l’on s’y arrête. Il a de nombreux mérites (une histoire qui se tient, des morts qui valent leur pesant de cacahuète et un rythme qui ne laisse pas de temps pour l’ennuie). C’est par ailleurs un film qui arrive à concilier une certaine ambition avec un budget riquiqui. Et puis pour les débuts derrières la caméra du future grand James Cameron ce serait bête de rater ça.
R.V.