La lame infernale |
Une vraie boucherie
Pour son retour au Giallo Massimo Dallamano signe un film violent et noir sur fond de prostitution de mineures
Titre original : La polizia chiede aiuto
Réalisateur : Massimo Dallamano Scénario : Massimo Dallamano, Ettore Sanzò Distribution :
Pays : Italie Synopsis : Une lycéenne est retrouvée pendue et nue dans le studio où elle retrouvait son amant. La piste du suicide est abandonnée quand il est manifeste que cette mort est liée à un réseau de prostitution de mineurs. Les morts vont s’empiler avec pour principal suspect un mystérieux tueurs à moto vêtu de cuir noir et casqué. |
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En 1974 le Giallo c’est déjà un peu du passé au pas totalement mais le genre a connu ses plus belles heures autour de 1971-1972. Aussi lorsque Massimo Dallamano revient au genre, il avait signé le très réussi car moralement ambigu Mais qu’avez-vous fait à Solange ? en 1972, il mâtine La lame infernale de Poliziesco. Car en deux ans le public avait fini par se lasser du Giallo et sous l’influence de Dirty Harry aussi bien que des années de plomb le cinéma italien s’était mis à faire des films policiers sombres et violents. Des films plus en phases avec l’air du temps. Cette nouvelle mode se voit très concrètement dans le titre italien du film La polizia chiede aiuto, la police appelle à l’aide dans la langue de Booba, et dans le fait que le Long métrage n’inclut pas d’intrigue centrée sur l’enquête parallèle à la police menée par un personnage soit pour comprendre ce dont il a été le témoin soit pour se disculper des soupçons injustement nourris contre lui. Dans La lame infernale l’enquête est conduite par un policier, l’inspecteur Silvestri (Claudio Cassinelli) et Vittoria Stori (Giovanna Ralli) la magistrate chargée de l’instruction. Giovanna Ralli incarne une héroïne qui en dépit de ses fragilités fait preuve d’une grande détermination qui tranche avec la passivité de nombre de personnages féminins de Gialli qui brillent par leur passivité et qui semblent surtout là pour leurs plastiques avantageuses et justifiés des scènes de nue.
Ce n’est pas qu’un changement cosmétique cela change la philosophie du film. Même si l’enquête est aussi alambiquée que dans n’importe quel Giallo cette fois la résolution de l’énigme repose entièrement sur l’appareil judiciaire et son bras armé policier. Le film s’éloigne du Whodunit sanglant pour lorgner vers le polar le plus âpre.
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Dallamano retrouve pour l’occasion un champ qu’il avait commencé à défricher avec Mais qu’avez-vous faut à Solange ? celui de la sexualité des adolescentes mais cette fois le péril qui guette les jeunes filles ce n’est pas un avortement clandestin mais celui d’un réseau de prostitution clandestine qui offre de la chaire fraîche à de vieux pervers.
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Ces altérations de la formule giallesque n’empêchent pas La lame infernale l’amateur de Thriller sanguinolent à l’italienne de retrouver ses petits à commencer par une série de meurtres violents et graphiques, racoleurs comme il faut. Des assassinats perpétrés par un meurtrier tout de cuir noir vêtu qui joue de la feuille de boucher et ne quitte jamais son casque de moto. Une silhouette aussi menaçante que marquante assez conforme au canon du genre. Un tueur dont les motivations sont avant tout intéressées. Il y a bien quelques tueurs psychopathes qui trainent çà et là dans le Giallo (La longue nuit de l’exorcisme, Chats rouges dans un labyrinthe de verre, Torso…) mais le plus souvent les assassins exterminent leurs victimes pour des raisons vénales et crapuleuses.
Dallamano réalise un film un peu froid et clinique. Une réalisation sèche que vient secouer la grande brutalité des scènes de meurtres. Le film a quelques moments gore (on pense en cette tête dans un sac qui roule au sol), il a aussi ces instants grandiloquents comme lorsque l’on découvre une salle de bain dont les murs sont repeints en rouge par le sang d’une victime. Massimo Dallamano ne lésine pas sur l’exhibition de la chaire morte, que ce soit celle d’une lycéenne retrouvée nue et pendue ou celle d’un corps découpé placé sur une table d’autopsie.
La lame infernale est un film généreux qui se permet même une longue course poursuite dans les rues de Rome qui ravira les amateurs du genre mais qui n’a pas la même force malsaine qu’on retrouve dans Mais qu’avez-vous fait à Solange ? car en se plaçant fermement du côté de la loi et de l’ordre Dallamano renonce à cette ambiguïté qui donnait une saveur particulière à son film de 1972. Ça ne fait pas de La lame infernale, non vraiment pas.
R.V.
P.S. : Même Arte en dit du bien !
Pour plus de gialli voir cette sélection qui n’est pas exhaustive, loin de là :
Chats rouges dans un labyrinthe de verre – Je suis vivant ! - L’Etrange vice de Madame Wardh – L’Eventreur de New York – La Longue nuit de l’exorcisme – La Queue du scorpion – Le Tueur à L’orchidée – Le Venin de la peur – Les Rendez-vous de Satan – Mais qu’avez-vous fait à Solange ? – Nue pour l’assassin – Six Femmes pour l’assassin – Spasmo – Torso – Toutes les couleurs du vice
Chats rouges dans un labyrinthe de verre – Je suis vivant ! - L’Etrange vice de Madame Wardh – L’Eventreur de New York – La Longue nuit de l’exorcisme – La Queue du scorpion – Le Tueur à L’orchidée – Le Venin de la peur – Les Rendez-vous de Satan – Mais qu’avez-vous fait à Solange ? – Nue pour l’assassin – Six Femmes pour l’assassin – Spasmo – Torso – Toutes les couleurs du vice