The Ranger
L'appel de la forêt
La confrontation d’une bande de punks en cavale et d’un ranger pas commode tourne au jeu de massacre dans ce slasher de 2018
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« The Ranger est ma réponse à Taryn, |
Réalisateur : Jenn Wexler
Scénario : Jenn Wexler & Giaco Furino Distribution :
Pays : Etats-Unis Synopsis :Chelsea et ses punks de compagnons fuient la police et trouvent refuge dans un parc national. Là ce qu’il devront affronter sera bien pire que ce qu’ils ont cherché à fuir.
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The Ranger a été co-écrit et réalisé par Jenn Wexler. C’est son premier long métrage en tant que réalisatrice et le film se déploie comme un slasher très légèrement teinté de survival grâce à un décors forestier qui change agréablement du décors urbain, petite ville et banlieue de la classe moyenne, si lié au genre. Le slasher est choix judicieux tant le genre sied bien au début derrière la caméra et au petit budget. The Ranger est bâti sur la rencontre brutal d’une bande de jeunes urbains et d’un homme de la nature hostile et doit beaucoup à l’étrange dynamique que génère le couple du tueur et de la final girl.
Le film ne mise pas sur la carte du mystère et les acolytes de Chelsea, l’héroïne, sont là pour mourir. Chelsea la punkette aux cheveux roses qui renoue avec un lourd passé est jouée par la convaincante Chloë Levine (The Defenders, le pilot de The Deuce). Ces compagnons d’infortunes sont rarement sympathiques, parfois drôles et on n’éprouve pas grand-chose en les voyants mourir. Ces meurtres ne sont pas totalement gratuits pour autant, ils servent à nous convaincre que le Ranger (Jeremy Holm) est fou et dangereux. Et ça marche. L’acteur bouffe l’image. Il campe un personnage de tueurs fous étrangement cool dont la placidité est dérangeante comme l’est l’amour malsain qui le lit à la jeune Chelsea mais on en a déjà trop dit.
Comme le veut la règle du slasher les personnages secondaires sont de la chaire à canon. Jenn Wexler n’en a que pour son héroïne, double cinématographique, et lui offre un adversaire parfait en la personne du Ranger, un fantôme échos d’une tragédie survenue pendant l’enfance de Chelsea alors qu’elle passait ses vacances chez son oncle écrivain dans ce parque national qui sert de décors au massacre filmé avec ce qu’il faut de gore et d’humour noir, ce Ranger est très à cheval sur les règles et sur leur application.
Le film avec ces punks presque anachroniques ou simplement hors du temps qui évoquent ceux de Return of The Living Dead, avec son isolement qui empêche d’user de téléphone portable lorgne vers les années 80. La réalisatrice Jenn Wexler embrasse sans complexe les conventions du slasher. Sans complexe et sans second degré non plus, l’ère du slasher post-moderne ironique semble derrière nous même si Scream et ses suites, Urban Legend ou Souviens-toi l’été dernier ont marqué au faire rouge toute une génération à laquelle appartient l’auteur de ces lignes qui se souvient en avoir vu quelques-uns dans les cinémas de sa ville de province.
Une fois encore ce qui frappe avec The Ranger, comme avec d’autres productions U.S. récentes à budget modeste, c’est que rien à l’écran ne crie au manque de sous. Le film est beau, sa photo est soignée et participe grandement à l’ambiance, et ne manque pas d’idées de réalisations comme ces images et ces séquences qui reviennent comme un leitmotiv. Sa narration ramassée et centrée sur son héroïne permet à The Ranger de dresser un beau portrait d’une jeune femme au lourd passé. Pas un chef-d’œuvre mais un slasher honnête, qui se laisse regarder et qui annonce peut-être, c’est tout le mal que l’on souhaite à Jenn Wexler, la naissance d’une réalisatrice dont on attend le prochain film avec intérêt.
R.V.