The
Descent
Sport extrême
Sorti en 2005 The Descent du britannique Neil Marshall est l’un des classiques de l’épouvante des années 2000, rien que ça.
Réalisateur : Neil Marshall
Scénario : Neil Marshall Distribution :
Pays : Royaume-Uni Synopsis : Un an plus tôt après une descente ne rafting en Ecosse, Sarah a perdu sa fille et son mari lors d'un accident de voiture. Son ami Juno a prévu cette fois une expédition spéléologique dans les Appalaches pour lui changer les idées et renouer une amitié distendue. Elles sont accompagnées par quatre autre jeunes femmes mais un éboulement et l’exploration de grottes non répertoriées placeront le petit groupe face à ce qui se cache dans les profondeurs. |
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On pourrait classer les films d’épouvante en deux catégories, ceux qui font entrer l’horreur dans le quotidien de gens qui n’ont rien demander (le home invasion comme forme archétypal mais aussi nombre de films de zombies ou de slasher) et ceux qui voient les protagonistes loin de leur zone de confort se confronter à des forces hostiles qui défendent leur territoire ou par cours leur terrain de chasse. Cette dernière catégorie trouvant son expression la plus pur dans les survivals ruraux. The Descent du britannique Neil Marshall (Dog Soldiers, Doomsday, le prochain Hellboy…) appartient clairement à la deuxième catégorie. Sarah (Shauna Macdonnald), Juno (Natalie Mendoza) et leurs copines partent pour une exploration dans des grottes nichées au cœur des Appalaches, cette chaine de montagnes qui court le long de la côte Est des Etats-Unis.
Si The Descent a été tourné au Royaume-Uni, avec l’Ecosse comme substitut aux Appalaches pour les extérieurs, c’est bien à Délivrance le film de John Boorman (Excalibur) auquel Neil Marshall rend hommage grâce à quelques notes de banjo entendues fugitivement à la radio en voiture et grâce à la séquence d’ouverture avec la descente en rafting d’une petite rivière de montagne. Mais de montagnards dégénérés, les hillbillies, on n’en verra pas dans The Descent car les filles sont là pour de la spéléologie, l’activité étrange (c’est notre humble avis) qui consiste à descendre dans des grottes pour s’y promener. Quelques lignes de dialogue grinçantes et pince-sans-rire prononcées alors que tout va bien liste l’ensemble des problèmes que l’on peut rencontrer quand on descend sous terre que l’on ne voit plus la lumière du jour et que l’on perd ses repères. Cette liste évidemment ne mentionne pas la présence possible de troglodytes carnivore et amateur d’activités cynégétiques.
Neil Marshall ne donne pas pour autant dans le détachement post-moderne, le film méta ou l’ironie facile, que nenni son film est un survival premier degré qui devient viscéral et qui porte une vision jusqu’au-boutiste comme on les aime. Marshall signe un film d’horreur implacable et sans véritable happy end.
Le réalisateur et aussi scénariste, prend tout son temps pour camper ses personnages, les faire exister et leur insuffler autant de vie possible dans les limites d’un film d’une heure trente-cinq minutes et quelques secondes. Bien sûr il met l’accent sur son héroïne, Sarah mais par petites touches, des regards ou des dialogues elliptiques on en apprend assez sur les autres personnages et s’attacher à elles. Neil Marshall a opté pour une distribution resserrée qui concentre l’attention du spectateur. Le personnage de Juno profite de cette écriture en pointillé qui petit à petit la place en antagoniste de l’héroïne. Cette rivalité permet de faire monter la pression avant que l’intrigue ne prenne un funeste tournant et de faire basculer le groupe dans une violence qu’elles ne s’attendaient pas à rencontrer.
Car si The Descent est aussi un film d’horreur psychologique qui reflète l’état mental de Sarah (sa petite fille défunte est comme une présence spectrale) Neil Marshal n’en néglige pas pour autant une horreur plus charnelle et violente. Le film est violent, brutal et sanglant. Quant aux troglodytes, les crawlers, ils remplissent à merveille leur office qui est de faire peur au spectateur. Inspirés par Nosferatu, ces créatures interprétés par des acteurs réussissent à avoir une personnalité qui les singularise, leur confère une identité. Féroces ils sont une version dégénérée de quelque peuple préhistorique qui ce serait trop longtemps éloignés de la surface.
Avec ces décors angoissants, son scénario efficace et une photographie inventive et colorée (vert, rouge…) The Descent est une réussite artistique qui concilie la forme et le fond. Le film est très sombre et si Sarah renaît dans ces grottes c’est d’abord l’histoire d’un ensauvagement que nous raconte Neil Marshall, le coût de la survie.
Nous ne recommandons pas la suite superflue qui n’est pas un mauvais film, juste une production médiocre qui n’a pas la force primitive de son prédécesseur.
R.V.