L'éventreur
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Le tueur fait
coin coin
Retour au giallo, fin de la grande époque du cinéma de genre italien, film vulgaire, complaisant et racoleur L’étrangleur de New York c’est tout ça mais pas seulement
Synopsis : Un tueur en série sévit dans les rues de New York, ses victimes de jolies femmes trop belles pour leur bien. Une enquête difficile commence pour le lieutenant Fred Williams alors que les meurtres sanglants se multiplient.
L’éventreur de New York sort la même année que Ténèbres, un détail ? Non pas vraiment. Le film de Lucio Fulci comme celui de Dario Argento sont deux retours sur les gialli des années 70, sans en être des copies carbones comme on disait à l’époque. 1982 apparaît comme une année nostalgique dans la filmographie de ces deux réalisateurs pourtant ces deux filmes se démarquent de ce qui se faisait une décennie plus tôt. Les temps ont changé, si dans les années 70 le giallo avait quelque chose de précurseur, il annonçait en parti le slasher américain à venir, dans les années 80 les Italiens ne sont plus nécessairement les plus violents ni surtout les plus démonstratifs dans la mise à mort au cinéma. Sur ce plan L’éventreur de New York essaie de relever le gant à grand renfort de meurtres crapoteux mais là où les Italiens gardent la main c’est dans la représentation du sexe à l’écran. Dans ce domaine les transalpins sont plus démonstratifs notamment parce que leurs personnages ne sont pas des adolescents de la classe moyenne d’une petite ville ou des suburbs à la sexualité encore balbutiante mais peuvent être des adultes au goût plus corsée. Qu’on pense tout particulièrement au personnage joué par la sculpturale Alexandra Delli Colli.
Lucio Fulci, qui est parfaitement conscient qu’il réalise un film d’exploitation, y va à fond dans la vulgarité et le mauvais goût. Ça nous convient mais ce n’est pas le cas de tous le monde. Le film est outrancier mais ne manque pas d’idées, parfois bizarre. D’où leur est venu celle d’un tueur imitateur de Donald Duck ? On se souvient qu’il y avait déjà une référence à Donald dans La longue nuit de l’exorciste et l’on remarque que dans les deux cas le neveux de Picsou est lié à l’enfance innocente et plus précisément à une petite fille.
Le film n’est pas avare en meurtres éprouvants comme le meurtre à la bouteille cassée ou celui au rasoir. Il est aussi généreux en scène de sexes et surtout en déviances (sado-masochisme, voyeurisme, exhibitionnisme…). A tous les niveaux le film est cru mais les motifs sexuels qui le parcourent sont la plus grosse fausse piste que le long métrage jette sur la route du spectateur ou de la spectatrice qui se plonge dans ce New York début des années. Même s’il y a bien sûr cet innocent qui se donne un mal de chien pour faire un coupable parfait et le meurtrier qui se dissimule sous des airs d’innocent, voire de héros potentiel.
Il y avait dans les gialli de Fulci tourner dans les années 70 une tension narrative autour d’une lutte entre d’une part l’ordre bourgeois (Le venin de la peur) et le monde rural marqué par le catholicisme (La longue nuit de l’exorciste) deux incarnations de la tradition et d’autre part la modernité symbolisée par la contre-culture jeune. On ne retrouvera rien de cette opposition ici. L’ordre bourgeois n’est plus, Lucio Fulci ne le regrette sans doute pas vraiment, et le rêve contre culturel à tourner saumâtre. En conséquence il n’y a pas vraiment de personnages sympathiques à se débattre dans ce petit monde brutal. Mais les films de Fulci ne fonctionnent pas vraiment sur la sympathie que le spectateur éprouve pour les personnages.
L’étrangleur de New York est un film vulgaire et complaisant dans ses représentations de la violence qui se plait néanmoins à citer Verlaine. Ceci rattrape-t-il cela ? Non pas vraiment et cela ne convaincra pas les personnes rebutées par ce genre de films de se laisser tenter. Mais Lucio Fulci sait tourner des longs métrages pour frissonner devant le spectacle d’un monde en décomposition. Même dans une œuvre plus réaliste que ces œuvres précédentes (L’au-delà, La maison près du cimetière et Frayeurs) L’étrangleur de New-York a quelque chose d’onirique.
R.V.
Pour plus de gialli voir cette sélection qui n’est pas exhaustive, loin de là :
Chats rouges dans un labyrinthe de verre – Je suis vivant ! - L’Etrange vice de Madame Wardh – La Lame infernale – La Longue nuit de l’exorcisme – La Queue du scorpion – Le Tueur à L’orchidée – Le Venin de la peur – Les Rendez-vous de Satan – Mais qu’avez-vous fait à Solange ? – Nue pour l’assassin – Six Femmes pour l’assassin – Spasmo – Torso – Toutes les couleurs du vice
Chats rouges dans un labyrinthe de verre – Je suis vivant ! - L’Etrange vice de Madame Wardh – La Lame infernale – La Longue nuit de l’exorcisme – La Queue du scorpion – Le Tueur à L’orchidée – Le Venin de la peur – Les Rendez-vous de Satan – Mais qu’avez-vous fait à Solange ? – Nue pour l’assassin – Six Femmes pour l’assassin – Spasmo – Torso – Toutes les couleurs du vice