L'étrange vice de
Madame Wardh
3 hommes & 1 femme
un max de macchabées
Au côté de L'oiseau au plumage de cristal, ce film lança la vogue du giallo, ces thrillers horrifiques qui firent sensation au début des années 70.
En plus la magnifique Edwige Fenech interprète l'héroïne tourmentée.
En plus la magnifique Edwige Fenech interprète l'héroïne tourmentée.
Titre original : Lo strano vizio della signora Wardh
Réalisation : Sergio Martino Scénario : Vittorio Caronia, Ernesto Gastaldi & Eduardo Manzanos Brochero Distribution :
Année : 1971 Synopsis : Julie Wardh cache un lourd secret derrière sa vie bourgeoise et son extraordinaire beauté. Pendant un séjour à Vienne avec son mari, elle doit faire face à certains vices qu'elle croyait enterrés avec son passé alors même qu'un mystérieux tueur au rasoir sème la terreur dans la ville. |
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" (...) Dario Argento a pratiquement tout inventé en deux ou trois tentatives. Il est le genre à lui seul. L'Etrange vice de Madame Wardh m'a surtout permis de me familiariser avec ses codes et ses règles. (...) " Sergio Martino (Mad Movies n°302)
Lo strano vizio della signora Wardh, dans son titre italien, du réalisateur Sergio Martino est un film matriciel puisqu’il contribua à poser les bases d’un genre majeur du cinéma populaire italien des années 70, le Giallo. Le film mérite néanmoins d’être vu pour ses qualités propres et pas seulement pour son rôle dans l’établissement des codes de ce type de Thriller sanguinolent et sexy typiques des productions transalpines.
Sans perdre de temps Sergio Martino nous plonge dans l'horreur dès le début de son film. C'est la nuit, un homme dans une voiture roule dans ce que l'on comprend être un quartier de la prostitution. Il fait monter une péripatéticienne et l'assassine avec un rasoir. Rupture de ton pour la scène suivante, il fait jour, la musique n'est plus anxiogène, nous rencontrons Julie Wardh, Edwige Fenech, et son mari, joué par George Hilton, à l'aéroport. Ils arrivent à Vienne. Cette embellie ne dure pas, on s’en doute et les cadavres de belles jeunes femmes s’empileront tout au long d'un film qui n'est pas avare en exécutions aussi sommaires exubérantes (un adjectif trop rarement utilisé pour décrire des homicides).
Comme dans les autres films du genre les meurtres au rasoir sont d’autant plus expressif que l’assassin est muet. Les crimes qu’il commet sont son seul discours.
Avec sa bande originale signée par la très rare Nora Orlandi et depuis piratée par Quentin Tarantino pour son Kill Bill Vol.2, La compositrice se sert de passages bruitistes pour amplifier la violence des mises à morts, d’un thème solaire pour la ravissante Julie Wardh et d’une composition portée par un orgue aussi solennel que sépulcral pour les scènes de flashback lorsque l’héroïne se remémore les (sé)vices connus auprès d’un ancien amant, le sadique Jean, Ivan Rassimov qui a retrouvé Edwige Fenech dans Toutes les couleurs du vice.
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L’histoire est tarabiscotée à souhait, comme aurait dit ma grand-mère si elle avait vu le film. Le film est influencé par Les diaboliques d’Henri-Georges Clouzot, avec une inversion de la proposition, et les thrillers d’Alfred Hitchcock parmi lesquels Psychose qui a ouvert la voie à une représentation plus crue de la violence homicide. Tordue dans tous les sens l'intrigue se perd un peu dans ses méandres et perd avec elle le spectateur. Cela sera peut-être rédhibitoire pour certain mais renforce l’identification à une héroïne qui ne comprend pas ce qui lui arrive tant ce qu’elle croit n’est en fait qu’un jeu de faux semblants. Ces complexités scénaristique n’empêchent pas de savourer certaines scènes particulièrement bien fichues. Comme celle de l’assassinat de Carol Brant, la meilleure amie de l’héroïne, jouée par Conchita Airoldi. Cette séquence qui a contribué à poser les bases des mises à mort du giallo mais aussi de son petit frère nord-américain, le slasher (Halloween, Vendredi 13 constituent des variations plus prudes côté nudité et sexe des gialli). La scène profite au maximum de son décors naturel de parc qui se mue du plaisant à l’angoissant avant de devenir franchement effrayant.
L’étrange vice de Mme Wardh repose largement sur les épaules d’Edwige Fenech, elle est la troublante madame Wardh qui doit faire face à une menace aussi dangereuse que dissimulée. Elle est victime d’un complot particulièrement retors. La belle Edwige née en Algérie dans une famille pied-noire italo-maltaise se retrouva en Italie parce que dans les années 60 le pays était l’une des places fortes du cinéma européen. Sa carrière est marquée sous le sceau de deux genres très populaires, la sexy comédie et le giallo. Fenech n’est pourtant pas qu’une belle plante, une actrice à la plastique avantageuse, ici elle joue à merveille la femme en détresse guettée par un tueur sadique dont elle finira par triompher dans un final hallucinatoire. Elle avait un certain talent pour camper ces personnages tourmentées par leur passée et des assassins mutiques, gantés de noir et armés de longs couteaux. On la retrouvera d’ailleurs dans des rôles voisins dans Toutes les couleurs du vice, toujours dirigé par Sergio Martino, pour un Giallo très fortement influencé par Rosemary’s Baby, ou dans Les rendez-vous de Satan. On retrouve aussi l’actrice dans le Giallo fin de race et racoleur Nue pour l’assassin, un délice de vulgarité pour ceux qui ont le cœur à ce genre d’indélicatesse.
Par-delà sa place dans l’histoire du cinéma italien, au moins celle du cinéma de genre et d’exploitation, L’étrange vice de Mme Wardh est devenue avec le temps un film qui a pris une belle patine. C’est un beau souvenir d’une autre époque, celle où le septième art transalpin, dans sa grande diversité, était l’un des premiers d’Europe, d’Occident et même du monde capable de digérer les modèles d’Hollywood pour en offrir une vision singulière, typiquement italienne mais capable de parler au reste du monde. Certes c’est bien grandiloquent alors on conclura que c’est aussi un film plein de jolies femmes pas toujours chaudement habillées, qu’il y a plein de meurtres sanglants, que les rebondissements et les trahisons sont légions et que ce n’est pas le genre de films que même presque cinquante ans après sa sortie on regarde en famille.
R.V.
Pour plus de gialli voir cette sélection qui n’est pas exhaustive, loin de là :
Chats rouges dans un labyrinthe de verre – Je suis vivant ! - L’Eventreur de New York – La Lame infernale – La Longue nuit de l’exorcisme – La Queue du scorpion – Le Tueur à L’orchidée – Le Venin de la peur – Les Rendez-vous de Satan – Mais qu’avez-vous fait à Solange ? – Nue pour l’assassin – Six Femmes pour l’assassin – Spasmo – Torso – Toutes les couleurs du vice
Chats rouges dans un labyrinthe de verre – Je suis vivant ! - L’Eventreur de New York – La Lame infernale – La Longue nuit de l’exorcisme – La Queue du scorpion – Le Tueur à L’orchidée – Le Venin de la peur – Les Rendez-vous de Satan – Mais qu’avez-vous fait à Solange ? – Nue pour l’assassin – Six Femmes pour l’assassin – Spasmo – Torso – Toutes les couleurs du vice